Zero Dimensions
Galerie Push, October 2009
Par : Lotfi Gouigah
Difficile de rester indifférent aux tableaux de Daniel Hutchinson. Ceux-ci semblent vouloir incarner un lien qui pourrait exister entre peinture et arts dramatiques. À ces derniers, Hutchinson emprunte la scène, leitmotiv de ses oeuvres, et théâtre de nombreuses prestations et répétitions. La plupart des tableaux présents dans l’exposition Zero Dimensions portent des titres qui évoquent le déroulement d’une pièce de théâtre, Act I ou Act II par exemple, et trahissent ainsi par le nom qui leur est donné, une volonté de narrer. Plus récemment, des tableaux entièrement monochromes portent le nom de scènes célèbres, celle de Stratford par exemple. Dans ce cas, c’est un lieu qu’on semble vouloir évoquer, l’espace tridimensionnel où retenti la parole, où s’effectuent les gestes au service du narré.
La ressemblance qui existe entre de nombreuses oeuvres d’Hutchinson est analogue à celle qui existent dans l’interprétation d’une même pièce de théâtre produite tous les soirs sans jamais qu’une représentation ne soit la copie exacte de la précédente. Les peintures d’Hutchinson, se répètent tout en soulignant leurs différences. L’architecture des théâtres qu’elles laissent voir est rendue possible par l’ardue application de couches de peinture noire au moyen de divers coups de pinceaux unidirectionnels ; le mouvement du spectateur autour des oeuvres révèle ce socle sur lequel se produisent les couleurs du tableau. Certains tableaux tel Stratford (2009) se contentent de révéler les trois dimensions d’un théâtre vide, noir, silencieux, obscure mais dont les détails s’éclairent, miroitent et sur lesquels la lumière danse au grès de nos mouvements.
En plus de tracer un parallèle entre peinture et dramaturgie, les oeuvres d’Hutchinson respirent un modernisme revu et corrigé, tant la primauté des formes, des couleurs et des textures semble s’y épanouir. Bleu, rouge, orange, rose, vert. Brisant le silence noir de la scène, des coulées de couleurs, retentissent sur certaines oeuvres, elles nous appellent. Les tableaux monochromes noirs nous attirent également par leur silence qu’on désire décrypter à la lumière de leur texture. Plus on s’approche de ces oeuvres, plus on constate combien celles-ci s’éloignent du modèle moderniste d’une oeuvre d’art autonome comme pure sensation visuelle. En effet, celles-ci invitent une interaction, un dialogue et non pas un monologue entre elles et le spectateur qui se meut autour d’elles en en découvrant les diverses facettes. L’illusionnisme et la référence littéraire s’insinuent dans ce modernisme réformé.
Mais qu’en est-il de cette interaction, de ce dialogue ? Quel signes ou codes le rendent possible ? Contrairement au théâtre, le langage ne retentit pas des tableaux d’Hutchinson. Tout au plus, leur contraste suggère une acclamation, un silence qui se déchire et une parole qui coule le long du tableau. L’image, l’icône figurative de la scène est cryptée et nous est révélée par le relief de la peinture, les mouvements de la lumière et ceux du spectateur. Enfin, la couleur, elle, est forme abstraite, elle occupe la place des comédiens, des artistes, on pourrait dire qu’elle en est une trace, un index abstrait.
C’est cette richesse des tableaux d’Hutchinson qui rend ardue leur évocation. Difficile de prime abord de s’accrocher à un fil d’Ariane assez solide pour éviter de se perdre. Puis, l’évidence saute aux yeux : Daniel Hutchinson dompte la peinture et s’affranchi de l’espace, des dimensions. L’exposition Zero Dimensions nous offre, sur des surfaces planes, toutes les dimensions, dans tous les sens du terme, et nous révèle la cartographie d’une nouvelle contrée de la peinture, frontalière de la sculpture et de la dramaturgie.
Difficile de rester indifférent aux tableaux de Daniel Hutchinson. Ceux-ci semblent vouloir incarner un lien qui pourrait exister entre peinture et arts dramatiques. À ces derniers, Hutchinson emprunte la scène, leitmotiv de ses oeuvres, et théâtre de nombreuses prestations et répétitions. La plupart des tableaux présents dans l’exposition Zero Dimensions portent des titres qui évoquent le déroulement d’une pièce de théâtre, Act I ou Act II par exemple, et trahissent ainsi par le nom qui leur est donné, une volonté de narrer. Plus récemment, des tableaux entièrement monochromes portent le nom de scènes célèbres, celle de Stratford par exemple. Dans ce cas, c’est un lieu qu’on semble vouloir évoquer, l’espace tridimensionnel où retenti la parole, où s’effectuent les gestes au service du narré.
La ressemblance qui existe entre de nombreuses oeuvres d’Hutchinson est analogue à celle qui existent dans l’interprétation d’une même pièce de théâtre produite tous les soirs sans jamais qu’une représentation ne soit la copie exacte de la précédente. Les peintures d’Hutchinson, se répètent tout en soulignant leurs différences. L’architecture des théâtres qu’elles laissent voir est rendue possible par l’ardue application de couches de peinture noire au moyen de divers coups de pinceaux unidirectionnels ; le mouvement du spectateur autour des oeuvres révèle ce socle sur lequel se produisent les couleurs du tableau. Certains tableaux tel Stratford (2009) se contentent de révéler les trois dimensions d’un théâtre vide, noir, silencieux, obscure mais dont les détails s’éclairent, miroitent et sur lesquels la lumière danse au grès de nos mouvements.
En plus de tracer un parallèle entre peinture et dramaturgie, les oeuvres d’Hutchinson respirent un modernisme revu et corrigé, tant la primauté des formes, des couleurs et des textures semble s’y épanouir. Bleu, rouge, orange, rose, vert. Brisant le silence noir de la scène, des coulées de couleurs, retentissent sur certaines oeuvres, elles nous appellent. Les tableaux monochromes noirs nous attirent également par leur silence qu’on désire décrypter à la lumière de leur texture. Plus on s’approche de ces oeuvres, plus on constate combien celles-ci s’éloignent du modèle moderniste d’une oeuvre d’art autonome comme pure sensation visuelle. En effet, celles-ci invitent une interaction, un dialogue et non pas un monologue entre elles et le spectateur qui se meut autour d’elles en en découvrant les diverses facettes. L’illusionnisme et la référence littéraire s’insinuent dans ce modernisme réformé.
Mais qu’en est-il de cette interaction, de ce dialogue ? Quel signes ou codes le rendent possible ? Contrairement au théâtre, le langage ne retentit pas des tableaux d’Hutchinson. Tout au plus, leur contraste suggère une acclamation, un silence qui se déchire et une parole qui coule le long du tableau. L’image, l’icône figurative de la scène est cryptée et nous est révélée par le relief de la peinture, les mouvements de la lumière et ceux du spectateur. Enfin, la couleur, elle, est forme abstraite, elle occupe la place des comédiens, des artistes, on pourrait dire qu’elle en est une trace, un index abstrait.
C’est cette richesse des tableaux d’Hutchinson qui rend ardue leur évocation. Difficile de prime abord de s’accrocher à un fil d’Ariane assez solide pour éviter de se perdre. Puis, l’évidence saute aux yeux : Daniel Hutchinson dompte la peinture et s’affranchi de l’espace, des dimensions. L’exposition Zero Dimensions nous offre, sur des surfaces planes, toutes les dimensions, dans tous les sens du terme, et nous révèle la cartographie d’une nouvelle contrée de la peinture, frontalière de la sculpture et de la dramaturgie.
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